Etat, presse et Poste parviennent à un accord sur le postage des journaux
L'Etat, la Poste et des représentants de la presse sont parvenus mercredi à un accord sur le prix du transport des journaux par la Poste, mais des éditeurs soulignent que l'augmentation des tarifs sera lourde pour le secteur.
L'accord tripartite couvre la période allant du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2015, soit sept ans. La ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, s'est félicitée de cet accord "ambitieux" pour lequel toutes les parties ont "fait des efforts".
"Les éditeurs ont accepté une augmentation progressive des tarifs, la Poste s'est engagée à des efforts de productivité et l'Etat confirme ses engagements", a souligné la ministre.
Cet accord est l'aboutissement d'une mission sur la distribution de la presse par abonnement, confiée en janvier à Marc Schwartz, conseiller référendaire à la Cour des Comptes. Il succède à un précédent accord signé en juillet 2004.
Selon Marc Schwartz, "le principal, c'est que l'Etat confirme la mission de service public de transport postal de la presse, (...) ce qui n'allait pas de soi avec l'ouverture à la concurrence postale dès 2011".
L'Etat continuera de soutenir l'activité du transport de presse pour la Poste à hauteur de 242 millions jusqu'en 2011 pour parvenir à 180 millions en 2015. Cette activité est déficitaire pour la Poste à hauteur de 400 millions d'euros, rappelle Marc Schwartz.
"L'objectif est de faire disparaître ce déficit", explique-t-il.
Pour les éditeurs, l'augmentation des tarifs sera progressive sur sept ans. Pour la presse d'information politique et générale, l'augmentation sera par exemple de 2% en 2009 et de 4% en 2015. Au total entre 2009 et 2015, elle sera légèrement inférieure à 25%. Pour le reste de la presse, elle sera proche de 34% entre 2009 et 2015.
Le Syndicat de la presse magazine et d'information (SPMI, patronal) affirme dans un communiqué que la signature a été "une décision difficile" en raison "d'augmentations tarifaires hors du commun".
Pour le SPMI, "cette progression, d'un impact considérable sur leurs comptesd'exploitation s'inscrit dans un contexte économique particulièrement tendu, et alors que l'élasticité au prix du produit presse interdit toute répercussion sur les prix de vente".
Ce syndicat attend dorénavant "une amélioration des services de la Poste", selon sa présidente, Anne-Marie Couderc. Il espère notamment que les journaux non-urgent seront distribués plus rapidement, à J+3 et non plus J+4.
Pour le Syndicat professionnel de la presse magazine et d'opinion (SPPMO), les hausses tarifaires "extrêmement lourdes (...) fragiliseront un peu plus de nombreux titres", affirme le syndicat dans un communiqué.
"C'est le lecteur qui en pâtira, qu'il s'agisse du prix des publications ou de la réduction de leur pagination", ajoute le SPPMO.
De son côté, François Morel, président du Syndicat de la presse quotidienne nationale (SPQN) souligne que l'accord a été "difficile à obtenir" et que "les éditeurs ont eu parfois beaucoup de mal avec leur propre famille".
"Au départ, il était question d'une augmentation tarifaire pour les quotidiens nationaux de l'ordre de 40% (soit presque deux fois plus que ce que l'accord prévoit finalement, ndlr)", a-t-il indiqué à l'AFP, estimant que l'accord était finalement "équilibré". Il se félicite que l'accord "sécurise l'intervention de l'Etat" dans le secteur. Par ailleurs, tous les acteurs attendent beaucoup du portage à domicile, qui sera lui abordé lors des états généraux de la presse à l'automne.
AFP ctx/da/cb