mercredi 25 février 2009

RFI:VENT DEBOUT CONTRE LE PLAN SOCIAL

Les salariés de RFI sont toujours mobilisés contre le plan social

LE MONDE | 24.02.09 | 16h09 • Mis à jour le 25.02.09 | 15h52

C'est l'attente à Radio France Internationale (RFI). Depuis l'annonce d'un "plan de modernisation", début janvier, qui prévoit la suppression de 206 postes, sur plus d'un millier de salariés, et la fin de l'émission en six langues (allemand, albanais, polonais, serbo-croate, turc et laotien), les personnels de la radio multiplient les initiatives pour ne pas se faire oublier.
Financement. Les ressources de RFI dépendent à 95 % de la redevance et des subventions de l'Etat, via le ministère des affaires étrangères et les services du premier ministre. La radio a bénéficié d'un budget de 137 millions d'euros pour 2008.
Effectifs. La station compte plus d'un millier de salariés, dont 465 journalistes, 206 personnels administratifs, techniques et de production, 365 cadres et un réseau de 600 correspondants dans le monde.
Audiences. En 2007, RFI s'appuyait sur 46 millions d'auditeurs dans le monde, dont 27,5 millions en Afrique, 10,5 millions au Moyen-Orient et au Maghreb, 4,2 millions en Amérique, 2,2 millions en Europe (dont près d'1 million en Ile-de-France) et 1,7 million en Asie et Océanie.
Production. RFI diffuse 393 heures par semaine en français et en langues étrangères - soit 56 heures par jour sur 200 flux différents - et compte 580 radios partenaires dans 125 pays.


"Nous essayons de continuer à travailler normalement face à une direction qui veut passer en force. La modernité ne signifie pas être chômeur", dit Elisa Drago, déléguée SNJ-CGT au comité d'entreprise qui, avec ses collègues, a refusé de signer un "accord de méthode" sur une éventuelle procédure de licenciements.
Depuis, chaque partie campe sur ses positions. Les syndicats (FO, SNJ, CGT) ont assigné en référé la direction de RFI au tribunal de grande instance de Paris, le 5 mars, pour des irrégularités dans les procédures de présentation du plan social. "Ce plan n'a ni queue ni tête", expliquent les représentants syndicaux en rappelant que lors de la nomination d'Alain de Pouzilhac en juin 2008 à la présidence de RFI, celui-ci leur avait déclaré "qu'il ne venait pas ici pour licencier".

"VOLONTÉ DE SABORDAGE"

Malgré la durée de la procédure, les syndicats se félicitent du succès rencontré par la pétition "contre le démantèlement de RFI". S'adressant en priorité aux salariés de l'audiovisuel public et aux auditeurs, elle a recueilli plus d'un millier de signatures dont de nombreuses personnalités étrangères.
Hervé Bourges, ex-directeur général de RFI, en est un des signataires et a publié, le 9 février, un appel à sauver la radio dans "TeleVisions", le supplément hebdomadaire du Monde. Les syndicats de RFI ont fait paraître dans Libération une lettre ouverte au président Sarkozy pour lui demander "le retrait du plan social".
"Vous avez l'ardente obligation morale de le faire !", écrivent-ils. "Nous avons plus d'auditeurs, et de loin, que RTL, Europe 1, France Inter et France Info réunis", poursuivent les signataires qui, malgré leur demande, n'ont pas été reçus à l'Elysée.
Tout juste ont-ils été reçus par le conseiller audiovisuel de Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication. "On se moque de nous, ils veulent casser la radio", s'indigne une journaliste pour qui "il y a clairement une volonté de sabordage".
Pourtant, le 13 février, l'Etat a confirmé la recapitalisation de RFI, à hauteur de 16,9 millions d'euros, somme correspondant au déficit des trois dernières années. Vers la mi-mars, dès que la loi sur la réforme de l'audiovisuel sera promulguée, après l'étude des différents recours au Conseil constitutionnel, RFI deviendra une filiale à 100 % de la nouvelle holding de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) qui chapeautera également France 24 et TV5 Monde.
"Cette recapitalisation confirme l'engagement et le soutien de l'Etat à l'AEF et permettra à RFI de redéployer sa stratégie sur des bases économiques et financières saines, sans être pénalisée par l'accumulation de déficits antérieurs", précise la direction de RFI.
"Il faut en finir avec la culture du déficit", souligne M. de Pouzilhac. Les syndicats contestent l'ampleur de celui-ci en s'étonnant qu'il "enfle" d'un comité d'entreprise à l'autre. "La direction y inclut des assignations de l'Ursaff, ainsi que des indemnités de licenciement qui ne correspondent pas au déficit structurel", explique Mme Drago.
Outre la demande d'abandon du plan social, les syndicats dénoncent "un conflit d'intérêt" entre les dirigeants de RFI et leurs activités extérieures qui, selon eux, pourrait nuire à la crédibilité de la radio, notamment à l'étranger.
"Non seulement notre directrice générale, Christine Ockrent, est l'épouse du ministre des affaires étrangères, mais Alain de Pouzilhac cumule ses fonctions avec une présidence dans un groupe de casinos exploitant vingt établissements de jeux d'argent en France", soulignent-ils.
Pour M. de Pouzilhac, "c'est une blague ! Je suis non-exécutif dans trois conseils d'administration à l'extérieur de l'AEF".
Daniel Psenny