samedi 14 février 2009

CRISE A FRANCE24.L'ARRIVEE DE CHRISTINE OCKRENT ARRANGERA-T-ELLE LES CHOSES?

Le départ de plusieurs journalistes crée un malaise à la rédaction de France 24
LE MONDE | 12.02.09 | 15h32
Les restructurations continuent sur France 24. Après les départs mouvementés, fin 2008, de Grégoire Deniau, directeur de la rédaction de la chaîne de télévision, Bertrand Coq, rédacteur en chef, et Ulysse Gosset, qui animait "Le Talk de Paris" (Le Monde du 3 décembre 2008), c'est au tour d'Agnès Levallois, directrice adjointe de la rédaction chargée des contenus en langue arabe. Elle a quitté début février la chaîne française d'information internationale à la suite d'un "différend stratégique" avec la direction sur le devenir de l'antenne arabe.
Une chaîne au budget de 90 millions d'euros
Mission. France 24, chaîne d'informations internationales, a été créée le 6 décembre 2006. Elle diffuse ses programmes vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur le câble, le satellite et le Web, en français, en anglais et en arabe.
Organisation. Elle fait partie de la future holding de l'Audiovisuel extérieur de la France avec RFI et TV5 Monde, et dépend des services du premier ministre. Son budget (90 millions d'euros) est voté par le Parlement. Elle compte 450 salariés, dont 260 journalistes.
Le départ de la journaliste, qui travaillait pour France 24 depuis son lancement en décembre 2006, s'est fait "d'un commun accord", selon la direction de la chaîne. Il s'accompagne de celui de Moktar Gaouad, rédacteur en chef du canal arabe de France 24.
Ces départs ont suscité une vive émotion au sein de la chaîne, car ils interviennent à quelques semaines du développement de la diffusion de France 24 en langue arabe. A partir d'avril, la chaîne devrait en effet diffuser dix heures d'émissions quotidiennes (contre quatre actuellement) sur le canal arabe qui, selon la direction, est un axe essentiel.
La société des journalistes de France 24 a été reçue par Vincent Giret, le directeur de la rédaction, qui "assume" la décision de se séparer de Mme Levallois en raison de "dysfonctionnements" au sein du desk arabe. "A quelques semaines du lancement de la nouvelle version de la chaîne en langue arabe, il ne nous paraît pas très judicieux de débarquer la journaliste qui l'a développée depuis ses débuts", indique Lucas Menget, le président de la Société des journalistes (SDJ).
Cette restructuration est appliquée au moment où la direction de France 24 veut rapprocher la rédaction arabe de la chaîne et celle de Monte Carlo Doualiya, filiale de Radio France Internationale (RFI) qui, désormais, fait partie de la holding de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) avec TV5 Monde. "Il n'est pas question de fusion", précise M. Giret.
CHANGEMENT DE STATUTS
Pour diriger ce nouveau pôle, la direction de France 24 aurait approché Sami Kholaib, chargé de l'antenne et du développement de Monte Carlo Doualiya et Nahida Nakad, grand reporter à TF1.
Jeudi 12 février, le directoire de France 24 doit se réunir pour changer les statuts de la chaîne après le désengagement de TF1 et France Télévisions, qui avaient chacun 50 % du capital.
Désormais, France 24 est propriété à 100 % d'AEF. Le conseil de surveillance et le directoire de la chaîne devraient être supprimés pour faire place à un nouveau conseil d'administration. Composé au plus de 18 membres, parmi lesquels devraient siéger Alain de Pouzilhac, président d'AEF, et Christine Ockrent, directrice générale de la holding, le conseil sera ouvert à trois représentants du personnel qui auront un droit de vote. M. de Pouzilhac deviendrait PDG de France 24 et Mme Ockrent devrait voir ses attributions étendues sur la chaîne.
En revanche, Gérard Saint-Paul, membre du directoire et directeur général chargé de l'information, ne devrait plus faire partie du nouveau conseil d'administration. Cet organigramme de la direction suscite des inquiétudes en interne.
"Il n'y a aucune inquiétude à avoir", assure M. de Pouzilhac, soulignant que le rapport de la Cour des comptes "apporte de solides arguments à la création de la holding AEF" et "conforte le principe même" de sa création (Le Monde du 9 février). La constitution et les statuts de cette holding seront définitivement validés par la promulgation de la loi sur l'audiovisuel public, encore soumise à l'avis du Conseil constitutionnel.
Daniel Psenny
Article paru dans l'édition du 13.02.09.