vendredi 13 mars 2009

DES SUCCES MALGRE LA CRISE

Malgré la crise de la presse, plusieurs journaux se sont lancés ces derniers mois. Les indicateurs de diffusion montrent que ceux qui s'en tirent le mieux se situent sur des niches correspondant aux attentes non satisfaites du public.

Le retour des articles longs et du grand reportage Lancé en janvier 2008, le trimestriel XXI dresse un bon bilan de sa première année. "La moyenne des ventes pour les cinq premiers numéros se situe à 35 000 exemplaires et notre point d'équilibre est à 25 000, affirme Patrick de Saint-Exupéry, rédacteur en chef. Les gens ont du mal à nous définir. Magazine, revue, livre ou journal ? Nous sommes nous-mêmes, c'est tout." Vendu 15 euros, XXI propose 210 pages de grands reportages et illustrations, sans publicité. Il a fait le choix d'être diffusé dans les librairies. "A priori, cela n'avait que des inconvénients, souligne Laurent Beccaria, directeur de la publication. La TVA est à 5,5 % au lieu de 2,1 % pour la presse, le contrat de distribution avec les NMPP serait plus intéressant. Mais les avantages contrebalancent : nous sommes seuls, davantage mis en valeur qu'en kiosque. Les libraires indépendants jouent bien le jeu et nous soutiennent."

Le mensuel Books, lancé fin novembre, parie aussi sur des articles longs. Il propose un regard sur l'actualité à partir de traductions d'articles de haut niveau parus dans la presse étrangère, portant sur des livres inédits en France. Il a vendu 30 000 exemplaires de son premier numéro, un chiffre tombé à 16 500 pour le deuxième. Entre-temps, le prix est passé de 3 à 5,40 euros. Il a déjà recruté 4 700 abonnés. "Un lancement satisfaisant dans un contexte morose", déclare Louis Dumoulin, chargé du développement.

Le renouveau des mensuels masculins généralistes La version française du mensuel américain GQ (abréviation de Gentlemen's Quarterly), lancée en mars 2008 par le groupe américain Condé Nast, qui publie par ailleurs Vanity Fair et le New Yorker, a atteint ses objectifs, avec une diffusion France payée de 70 000 exemplaires. Il se définit comme un masculin généraliste et haut de gamme. "Ni niche, ni miche", résume en plaisantant sa rédactrice en chef, Anne Boulay. "Lorsque nous nous sommes lancés, tout le monde nous a prédit un échec, rappelle-t-elle. La presse masculine se portait mal. Quelques titres essayaient de survivre en forçant sur les photos de charme." Non seulement GQ a trouvé son créneau, mais il a redynamisé le secteur des mensuels masculins. Son principal concurrent, L'Optimum, a baissé son prix de vente à 1 euro (au lieu de 3) lors du lancement de GQ et a rénové sa formule. Il enregistre l'une des plus belles progressions de l'OJD en 2008, puisqu'il passe de 44 000 exemplaires mensuels en diffusion France payée 2007 à 64 000. "La concurrence de GQ a redynamisé le secteur", se félicite Emmanuel Rubin, rédacteur en chef de L'Optimum. FHM, catalogué comme magazine de charme, vient de lancer une nouvelle formule plus généraliste. Enfin, le mensuel gay Têtu se rénove et se définit comme "un magazine masculin, sexy et intelligent". Même s'il conserve son "cover boy" en couverture, la partie plus militante du magazine, destinée à la communauté gay et lesbienne, est regroupée dans un cahier séparé.

Le filon toujours vivace de la presse people La presse people continue d'afficher de belles ventes : entre 400 000 et 500 000 exemplaires par semaine pour les leaders du marché que sont Closer (Mondadori), Voici (Prisma) et Public (Lagardère). Un petit nouveau a fait son apparition en 2008 et a atteint les 260 000 exemplaires. Il s'agit de Oops !, quinzomadaire lancé par deux jeunes, spécialistes de la presse de fans. Il se définit comme "un people poil à gratter qui ne se prend pas au sérieux". "Dans ce secteur où la concurrence est à couteaux tirés et les marges très fines, il faut vendre au moins 200 000 exemplaires pour exister, explique Julien Derain, rédacteur en chef. Le défi aujourd'hui est de faire lire des jeunes qui sont nés avec une souris d'ordinateur dans la main, ont un budget limité, en grande partie consacré à payer leur facture de portable et une culture de la gratuité sur le Net."
Xavier Ternisien